Remerciement et témoignages de solidarité

Nos remerciements et des témoignages de solidarité et de sympathie suite à l’ostracisme infondé de la part des services consulaires de la France à Dakar.

Remerciement et témoignages de solidarité

Nos remerciements et des témoignages de solidarité et de sympathie suite à l’ostracisme infondé de la part des services consulaires de la France à Dakar.

 

EN REMERCIEMENT AUX MILITANTS DE LA DIGNITÉ DES PEUPLES AFRICAINS

 

J’ai enregistré et apprécié les nombreuses réactions de soutien, voire d’indignation suite à ma lettre ouverte adressée aux autorités consulaires françaises de Dakar pour fustiger les tracasseries et autres traitements irrespectueux et dégradants souvent infligés aux africains demandeurs de visa.

 

Cet incident est en réalité le point d’orgue d’une série de comportements vexatoires bien ciblés des dites autorités dirigés contre moi. C’est en réponse au silence méprisant observé à mes multiples correspondances que j’ai délibérément pris la résolution de porter l’affaire sur la place publique avec l’espoir que ce canal de communication permettra aux interpellés de réagir.

 

A chaque fois que l’on sollicite un visa, l’argument avancé est le suivant : « Tout le monde est traité de la même manière ». Loin de moi l’idée de demander un quelconque traitement de faveur, bien au contraire. Seulement, si ces autorités consulaires traitent avec autant de désinvolture et d’ignominie les personnalités de l’Etat, c’est bel et bien un aveu de leur part que « tout le monde » est traité avec mépris, discourtoisie et incorrection.

 

Je tiens à préciser, une fois de plus, que je n’ai aucun intérêt particulier à me rendre en France. Toutes les fois que je suis allé dans ce pays, c’était pour répondre à des invitations officielles d’autorités ou d’institutions françaises ou internationales.

 

Dans ce cas précis, lire et faire le rapport d’une thèse de plus de 900 pages, laisser sa famille pour se déplacer en France sur une invitation d'une structure universitaire française aussi prestigieuse que l'Institut d'Etudes Politiques de Bordeaux, sans aucune contrepartie financière avec même des frais de transport incidemment pris en charge par l’Union africaine au détour d’une mission en Ethiopie et un déboursement d’une somme de 40.000 francs pour régler les frais de visa non remboursés, pour, en fin de compte, se laisser traiter comme un quémandeur de visa par les autorités consulaires françaises, est assurément une expérience très frustrante que je ne saurais, en aucun cas, accepter.

 

Malgré la vigueur de ma réaction, je tiens à souligner que je suis loin d’être « francophobe ». Pour avoir fait une partie de mes études en France et y avoir enseigné, j’entretiens des relations scientifiques privilégiées avec plusieurs institutions françaises et des relations amicales avec beaucoup de français. Pour preuve, j’ai reçu, avec beaucoup d’émotion, à travers les correspondances qui m’ont été adressées et la consultation des fora de la presse en ligne, le soutien de beaucoup de français qualifiant cette "mesquinerie" de l'administration de leur pays «d’inacceptable, méprisante et ignominieuse ». Des collègues, institutions et organisations de la société civile se proposent d’ailleurs de saisir les autorités du ministère français des affaires étrangères.

 

Notre réaction est celle d’un intellectuel africain qui, au-delà de son cas personnel, souhaite qu’il soit mis fin à ces pratiques d’un autre temps, décriées par les milliers d’africains demandeurs - de bonne foi - de visa dans les consulats français, remplissant toutes les conditions requises et qui n’aspirent qu’à être traités dignement et humainement dans le cadre de l’application de la législation adoptée par la France.

 

S’il est incontesté que le Parlement français peut voter, en toute souveraineté, des lois très sévères régissant les conditions de séjour des étrangers en France, il n’en demeure pas moins que l’application de ces lois ne doit pas donner aux agents d’exécution l’occasion de se livrer à des pratiques vexatoires, humiliantes, et voire même racistes. Un exemple, parmi d’autres que je viens de vivre personnellement : l’agent consulaire avait osé me demander de «poser les deux orteils » (sic !) - au lieu « des deux pouces »- sur la console de la machine d’identification digitale.

 

Chers amis, ce combat transcende ma modeste personne pour interpeller vivement les gouvernants africains et l’intelligentsia, sans oublier les peuples pour le respect de la dignité africaine, au moment où l’on parle de « Renaissance africaine ».

 

 

Nazareth (Ethiopie), le 24 juin 2010

 

Professeur El Hadj Mbodj

Agrégé des facultés de droit

Professeur titulaire des universités

Université Cheikh Anta Diop de Dakar,

en mission pour le compte de l’Union africaine

 

TEMOIGNAGES DE SOLIDARITE

Cher ami

 

Je découvre aujourd'hui cette situation inacceptable et je tiens tout d'abord à vous présenter mes plus sincères excuses pour cette décision scandaleuse de mon administration. Cela fait près de dix ans que nous avons effectué au niveau national et de manière consensuelle des démarches auprès du maee et du ministère de l'intérieur pour que la France adopte vis à vis des personnalités scientifiques (au moins...) une position de respect et de considération. Hélas, cela ne cesse de se dégrader. Je suis au MAEE le 23 pour un conseil scientifique, je ne vais pas me priver pour évoquer à nouveau cette question et pour souligner à quel point ce dédain et cette "mesquinerie" de l'administration française sont à la fois inacceptables, méprisants et ignominieux.

 

Je vous renouvelle ma très sincère amitié, tous mes remerciements pour avoir accepté de participer à cette thèse et toutes mes excuses en tant que citoyen français pour le comportement d'une administration dont j'ai honte.

Très amicalement

Professeur Dominique Darbon

Directeur de l'Ecole Doctorale de science politique

Science Po Bordeaux

 

 

Cher collègue,

 

Je suis ému et très conforté de votre message. Le Puriste et fin politologue a su trouver les mots précis et justes qui sont une preuve de l’amitié que vous me portez et surtout de votre engagement auprès des autorités appropriées pour une considération de la personne humaine et surtout de certaines personnalités honorées par des institutions publiques françaises à travers les rencontres scientifiques auxquelles elles sont conviées. Je vous remercie de poser le problème au MAE qui au demeurant avait déjà été alerté à la suite de tracasseries rencontrées lors de ma dernière participation à la préparation des candidats au concours d’agrégation. J’espère que mes relations avec le pouvoir politique en place au Sénégal n’ont pas altéré les excellentes relations que j’entretenais avec la France au double niveau : national et international. La question vient d’être prise en charge par l’opinion publique sénégalaise. Vous pouvez à ce égard consulter le site www.seneweb.com et constater les réactions négatives qui ne contribuent pas à rehausser l’image de la France en Afrique et même ailleurs.

 

Merci encore du fond du cœur, Dominique, d’avoir pensé à moi pour siéger à vos côtés. Je prie notre Dieu de faciliter nos rencontres dans d’autres cercles.

 

El Hadj

 

 

 

Professeur,

Comme prévu, j'ai soutenu ma thèse de Science politique le 25 juin dernier. Votre absence a été fortement ressentie et regrettée, en tant que vous êtes un acteur de premier plan des évolutions politiques et institutionnelles du Sénégal, du début des années 1990 jusqu'à l'avènement de l'alternance. Depuis vous ne cessez de participer au débat politique national. Le Professeur Alioune Badara Fall, en tant que Président du jury, n'a pas manqué de dénoncer vigoureusement et fermement les pratiques des consulats français à l'étranger en général et de celui du Sénégal en particulier. Un grand Professeur de votre rang, doublé d'un consultant auprès de grandes organisations internationales, a infiniment mieux à faire que de tenter d'émigrer clandestinément en Europe. L'acharnement des services consulaires à votre égard frise la démence. Les débats auraient été certainement plus relevés avec votre présence.

 

Mais je suis sûr que vous étiez de tout coeur avec moi, et que vos prières ont été exaucées. En effet, j'ai obtenu la mention Très honorable avec les félicitations du jury. Je suis en train de poursuivre une seconde thèse en Science de l'Information et de la Communication, pour éviter de rompre avec la dynamique de la recherche, en attendant de trouver un poste universitaire. Mon souhait est naturellement de servir à Dakar, où j'ai été formé par d'éminents Professeurs comme vous.

 

En vous remerciant encore pour votre humanité et votre générosité, je vous prie de croire Professeur à l'expression de ma très haute et respectueuse considération, et que Dieu vous bénisse.

 

Maurice Soudieck DIONE

 

Mon cher el Hadj,

A mon retour d'Afrique du Sud j'ai pris connaissance de tes correspondances. Je n'ai guère besoin de te dire que je trouve scandaleux ce qui t'est arrivé, eu égard à la fois, à ton statut de professeur des Universités appelé à siéger dans un jury de thèse d'une Université française, ainsi qu'aux responsabilités que tu as assumées au cours des dernières années et qui t'ont amené à contribuer activement au règlement de nombre de crises et conflits en Afrique. La fronde dont tu as été l'objet illustre parfaitement les dérives de la politique africaine de la France, son arrogance et son paternalisme qui fleurent bon le parfum colonial.

 

Je suis solidaire de toute action que tu envisagerais d'entreprendre pour protester contre le traitement discriminatoire qui t'a été réservé.

Je te renouvelle mes fidèles amitiés

Albert Bourgi

 

 

From: 10@one-zero.eu

Bonjour Professeur Mbodj,

 

Juste un petit mot d'encouragement et de sympathie. Il existe une politique de "Désénégalisation" rudement menée par des autorités françaises. Je reviendrai dans les détails. Il faudra y mettre un terme de manière méthodique et irréversible.

Je vous souhaite bonne continuation.

All the Best,

Thierno M. SOW or Suly

 

Monsieur Sow,

Croyez-moi! Je suis ému mais en même temps très conforté du message pathétique et patriotique que vous avez bien voulu m'envoyer suite à l'attitude des autorités consulaires françaises en mon endroit. Je vous en suis infiniment reconnaissant.

Votre réaction s'inscrit exactement dans le même sillage que les nombreux messages qui m'ont été envoyés par des intellectuels, hauts cadres sénégalais et africains, étudiants, collègues universitaires même français outrés, comme vous, par la mesquinerie des autorités françaises qui nous administrent, encore une fois, la preuve de leur incapacité congénitale à respecter l’homme noir. La France n’ayant jamais été une destination prioritaire pour moi, j’ai tenu à profiter de l’occasion pour contribuer à la prise en charge du combat que nous devons mener pour extirper cette culture coloniale d'en haut des autorités françaises à l'endroit des peuples africains.

 

Fraternellement.

 

Prof. Mbodj

Objet : FW: RE: never again

 

Je sollicite de la part de (…) et des autorités sénégalaises ci-liées de recevoir le professeur Mbodji et d'étudier la possibilité de lui délivrer un passeport diplomatique. Nous devons réorganiser souverainement nos relations culturelles avec la France. Lorsque le mépris devient une institution il faut lui apporter une correction institutionnelle.

Bien à vous. Thierno

 

Monsieur Sow,

 

Je vous remercie bien vivement des démarches entreprises à votre niveau en solidarité au différend qui m’oppose avec les services consulaires français pour la répudiation de ses pratiques d’un autre temps.

 

Je ne souhaite cependant aucune intervention et, a fortiori, le raccourci que représente le passeport diplomatique. Je suis conscient des limites objectives de nos politiques pour avoir été pendant longtemps dans le dispositif décisionnel de notre pays. Mon souhait est plutôt de situer ce combat au niveau du respect de la dignité humaine souvent très injustement bafouée et surtout, en ce qui me concerne, à la conscientisation d’une opinion publique scientifique nationale et internationale pour éviter que la circulation des idées ne soit freinée par les caprices de ceux qui sont inconscients de l’apport de l’intelligentsia africaine au développement de la pensée universelle.

 

Mes objectifs ont été atteints à ce niveau dans la mesure où j’ai alerté l'opinion publique en renonçant solennellement à un visa qui m’a été accordé dans des formes que je rejette et ceci au détriment de l’institution française qui m’avait invité pour instruire et faire le rapport de soutenance de thèse. La France n’étant pas une destination prioritaire pour moi, j’ai tenu à saisir cette occasion pour enclencher un combat afin que cessent ces traitements discourtois et méprisants dont sont coutumiers les services consulaires français, à la différence des américains qui sont plus courtois et corrects à l’endroit des intellectuels. Vous encourageant dans votre combat pour la justice et le respect de la dignité humaine, Cordialement.

Prof. Mbodj depuis Nazareth (Ethiopie)

 

Cher Professeur MBODJI,

 

J'espère que vous allez bien.

 

Je viens de lire sur seneweb la lettre ouverte que vous avez adressée au Consul de France à Dakar.

 

Je tenais à vous féliciter pour votre initiative et je voudrais vous dire que je partage votre frustration. Je suis indigné au plus haut point par le traitement que nous réservent les français.

 

Je ne vous l'avais pas dit mais à l'occasion de ma soutenance, ils ont refusé deux fois de suite le visa à ma mère qui voulait venir y assister, alors que nous avions pris toutes nos dispositions. Je n'ai pas manqué de faire publier sur internet, au Sénégal et en France, une lettre ouverte au Consul de France à Dakar (que je vous mets en pièce jointe) pour dénoncer leur attitude.

 

En tout cas, vous avez bien fait, je vous dis bravo et, avec votre accord, je vais en informer la Cimade (Comité Inter Mouvements Auprès Des Evacués) qui m'a contacté pour publier ma lettre au Consul dans leur prochain rapport qu'ils prèparent sur les pratiques des visas dans les consulats français.

 

Je suis fière de la dignité dont vous avez fait montre et je vous dis à bientôt.

 

Dr Ibrahim Guèye

 

Subjet: Manque de respect par le Consulat de France

 

Mon très cher cousin,

 

Je viens de lire avec consternation la lettre ouverte décrivant les avanies que le Consulat de France t'a fait subir. Je suis scandalisé par ces manques répètés de respect. Tu es un digne fils du Walo et je te soutiens le plus fraternellement possible dans cette situation. Mon salut affectueux à toute la famille. Et de grâce, fais-moi signe s'il t'arrive de passer près d'ici! Ca me ferait tellement plaisir de t'accueillir en famille, ne serait-ce que pour quelques jours. Ça fait si longtemps depuis le Vermont.

 

Bien fraternellement,

 

Mohamed Mbodj, Ph.D.

Chair, History Department and

African & African-American Studies

Mohamed

Tu as réagi exactement comme beaucoup de collègues universitaires choqués, comme toi, par la mesquinerie des autorités consulaires françaises qui nous administrent, encore une fois, la preuve de leur incapacité congénitale à respecter l’homme noir. Les collègues français ont même promis de poser la question au niveau de la prochaine rencontre scientifique au ministère des affaires étrangères. La France n’ayant jamais été une destination prioritaire, j’ai profité de l’occasion pour contribuer à la prise au combat qu’il nous faut mener pour extirper cette culture coloniale des autorités françaises. Merci Mohamed

 

El Hadj